Histoire

L’EPAGE HuCA (Huveaune-Côtiers-Aygalades) : plus de cinquante ans d’actions sur l’Huveaune

 

Du fait de l’entrée en vigueur de la compétence GEMAPI (Gestion des Milieux Aquatiques et Prévention des Inondations), le Syndicat de l’Huveaune est devenu Syndicat Mixte au 1er janvier 2018. Son conseil est donc constitué de la Métropole Aix Marseille Provence et la Communauté d’Agglomération Provence Verte. Pour plus de détails, cf. le chapitre ci-dessous : « la création du Syndicat, de 1963 à nos jours ».

 

 

Les inondations à l’origine de la création du Syndicat

Les crues de 1935, 1960 et surtout celle de 1978 sont inscrites dans la mémoire de bien des habitants de la région. Elles ont causé des dégâts considérables tant du point de vue humain (de nombreuses familles sinistrées) que du point de vue financier (le coût se chiffre à l’époque par millions de francs).
En 1935, les journaux titraient : « la région d’Aubagne sous les eaux », en 1960 « Pluies torrentielles, bourrasque et grêle sur toute la vallée de l’Huveaune, à Auriol, à Aubagne et à La Penne, des maisons ont dû être évacuées. Les dégâts sont considérables ».

Premier titre du journal le Provençal, le 18 janvier 1978-Source : le Provençal
Premier titre du journal le Provençal, le 18 janvier 1978
Source : le Provençal

En 1978, à Roquevaire, on voit l’eau monter à vue d’œil, La Capelette devient en quelques minutes un torrent boueux, à Saint-Marcel, le pont de chemin de fer menace de s’écrouler. La liste des dégâts matériels pourrait être encore allongée, mais comment retranscrire les centaines d’hommes et de femmes en détresse.

Le vieux pont Romain de st Marcel lors de la crue de 1978 Source : Jean Luc Fontaine – http://les-cahiers-du-sud.eklablog.com/
Le vieux pont Romain de st Marcel lors de la crue de 1978
Source : Jean Luc Fontaine – http://les-cahiers-du-sud.eklablog.com/

Aussi exceptionnels que puissent paraître ces événements, ils n’en sont pas extraordinaires et sont susceptibles, malheureusement, de se reproduire plusieurs fois par siècle. Quand aura lieu la prochaine crue ? Nul ne le sait. Celles de 1935 et 1978 sont dites d’occurrence trentennale (c’est-à-dire qu’elles ont une chance sur 30 d’arriver chaque année).

C’est pourquoi, dès 1960, les Conseils Municipaux, conscients du péril que faisait courir aux riverains le mauvais état des berges de l’Huveaune, alertaient les pouvoirs publics sur la nécessité de prendre des mesures de défense contre les eaux. Ils demandaient que des travaux soient étudiés et financés par l’Etat, le Département et les communes riveraines.

La création du Syndicat : de 1963 à nos jours !

Afin de répondre aux besoins de protection des biens et des personnes et de gérer le cours d’eau pour la prévention et la réduction des dégâts des crues,  le Syndicat Intercommunal de défense contre les inondations de l’Huveaune est créé en 1963. Il devient en 1967 le Syndicat Intercommunal de l’Huveaune (SIH) qui regroupe à l’époque, les villes les plus en aval : Aubagne, La Penne sur Huveaune et Marseille.

En 2006, 3 autres communes riveraines de l’Huveaune, rejoignent le SIH : Auriol, Roquevaire et Saint-Zacharie.

Jusqu’en 2007, les travaux étaient réalisés par la Direction Départementale de l’Equipement (services de l’Etat) et la gestion financière par les services de la commune d’Aubagne.
Depuis 2007 le Syndicat Intercommunal de l’Huveaune en assure la maîtrise d’ouvrage directe, après avoir recruté son premier technicien de rivière, actuel responsable technique et administratif.

Malgré la prise en compte des enjeux écologique dans la gestion du cours d’eau, seule la mise en place d’une gestion concertée et globale du milieu permettent de répondre aux objectifs fixés par la Directive Cadre Européenne sur l’Eau. Celle-ci impose des échéances d’atteinte de bon état des masses d’eau à l’ensemble du bassin versant de l’Huveaune.
C’est pourquoi, le Syndicat Intercommunal de l’Huveaune, en partenariat avec l’Agence de l’Eau, les services de l’Etat, le Conseil Régional et les Conseils Généraux des Bouches du Rhône et du Var, s’engage dans la mise en place d’un Contrat de Rivière pour le bassin versant de l’Huveaune.
Suite à une délibération en 2011, cette démarche est engagée officiellement en 2012 par une mobilisation et consultation préalable des acteurs : communes, riverains, usagers (associations, acteurs économiques, etc.) et partenaires institutionnels. Une chargée de mission, (actuelle directrice) a ainsi été recrutée en octobre 2012 pour piloter la démarche Contrat de Rivière.
En 2013, le SIH vote des nouveaux statuts, actant l’extension de son périmètre d’intervention et de ses compétences, en vue de la mise en place du Contrat de Rivière. La Commune du Plan d’Aups, située aux sources de l’Huveaune rejoint le Syndicat. Le SIH devient alors le SIBVH : Syndicat Intercommunal du Bassin Versant de l’Huveaune.

Ces nouveaux statuts définissent les capacités d’intervention du SIBVH, de maîtrise d’ouvrage, d’assistance technique, de coordination, sur les compétences GEMAPI : Gestion de l’Eau et des Milieux Aquatiques et Prévention des Inondations.

 

Le Contrat de Rivière est signé en octobre 2015, signature qui marque l’engagement d’un travail multi-partenarial d’ampleur pour la gestion du bassin versant.

Dans ce cadre, le Syndicat de l’Huveaune s’attache à travailler étroitement avec les acteurs du territoire dans une recherche de synergie entre qualité des eaux et milieux, réduction de vulnérabilité, ressource en eau et valorisation. S’il s’implique également dans un volet « ISEF » (Information Sensibilisation Education Formation), il porte prioritairement les enjeux relatifs aux milieux et aux inondations. Il intègre également une démarche de PAPI dans son programme d’actions 2015-2017 du Contrat de Rivière.

 

Le Contrat de Rivière et l’évolution des missions du SMBVH se sont construits autour des perspectives liées à la mise en œuvre de la compétence GEMAPI et des missions devant y être étroitement associées. De plus, la vision du Syndicat de l’Huveaune va au-delà de la mise en œuvre d’une planification d’action types études et travaux. En ce sens, et en complément d’une action de maîtrise d’ouvrage travaux et études conséquente en termes d’investissement, il s’implique particulièrement pour œuvrer à l’évolution de l’organisation entre les acteurs de l’eau et de l’aménagement.

 

Afin d’accompagner ces évolutions de 2007 à 2016, l’équipe technique du Syndicat a été régulièrement renforcée, avec une moyenne d’environ 1 agent recruté par : à ce jour le Syndicat est constitué de 6 salariés à temps plein.

 

Depuis le 1er janvier 2018, le Syndicat de l’Huveaune est devenu Syndicat Mixte du fait de la prise de compétence GEMAPI, désormais obligatoire pour les EPCI à fiscalité propre.

Ses statuts du 22 février 2019 actent de la composition des membres de son conseil au sein de la Métropole Aix Marseille Provence et la Communauté d’Agglomération Provence Verte. Les communes historiquement membres sont représentées grâce à des Élus assurant une proximité communale.

Le Syndicat poursuit donc ses actions en faveur d’une gestion intégrée et concertée des milieux aquatiques sur le bassin versant de l’Huveaune !

Les travaux d’ampleur du SIBVH jusqu’aux années 2000

Parmi les réalisations les plus marquantes du Syndicat :
La première série de travaux (1965-1978) a consisté à la mise au gabarit et du confortement des berges d’un certain nombre de tronçons, notamment :

  • à Marseille : Saint Marcel, le long du Parc Borely, Pont de Mazargues, Capelette
  • à Aubagne et La Penne sur Huveaune : amont, aval, le long de l’Autoroute.

Entre 1978 et 1993, divers travaux d’aménagement du lit, de recalibrage ou de cuvelage ainsi qu’une généralisation du nettoyage depuis l’amont d’Aubagne jusqu’au cœur de Marseille, ont été réalisés. Ci-dessous, vous en trouverez quelques illustrations. A l’époque les engins étaient dans les cours d’eau, ces pratiques sont aujourd’hui interdites !

Réalisation de travaux de requalification chez un riverain du cours d’eau (l’Huveaune est en bas de la photo) – Source : SMBVH

 

Les berges de l’Huveaune avant et après stabilisation par enrochements

 

Le même tronçon de cours d’eau avant entretien et après entretien

 

 

L’Huveaune étant un cours d’eau non domanial (propriété de chaque riverain jusqu’au milieu du lit), la réalisation des travaux les plus importants a pu se faire grâce à une D.U.P. (déclaration d’utilité publique. Depuis 2004, le SIBVH œuvre dans le cadre du Déclaration d’Intérêt Général (DIG).

De la prise en compte des enjeux écologique à la gestion globale dans l’esprit « GEMAPI »

Les élus du Syndicat de l’Huveaune ont dès 1998 défendu l’idée d’une gestion écologique de ce fleuve : des solutions « naturelles » pour gérer le risque inondation.
Un soin particulier est porté à la réhabilitation des berges en utilisant des techniques végétales à la fois pour favoriser l’étalement et l’absorption des crues mais également pour maintenir les rives par systèmes racinaires. Cette solution plus adaptée que l’utilisation de génie civil sur les cours d’eau s’avère être extrêmement efficace et pérenne dans le temps. Au contraire du génie civil, elle présente l’avantage de ne pas créer de point dur et donc de limiter l’érosion en amont et en aval de son implantation, et favorise le ralentissement de l’eau. Les essences sont connues et soigneusement choisies.

Le Syndicat de l’Huveaune pratique également parfois le débardage équestre. Il s’agit de faire intervenir un cheval pour aider à l’évacuation des troncs et branches dans le cadre des travaux d’entretien du cours. Une pratique ancestrale qui retrouve ici tout son sens et qui permet d’intervenir dans les zones les plus difficiles d’accès.

Conscient que la gestion des inondations ne peut plus être effectuée de manière isolée, tout projet de réduction de la vulnérabilité est désormais mené de front avec un objectif de restauration écologique et morphologique des cours d’eau. Ces projets sont réalisés en synergie dans l’esprit « GEMAPI » : Gestion des Milieux Aquatiques et Prévention des Inondations. Lorsque cela est possible, un volet « revalorisation du cadre de vie » est ajouté à ces projets : l’occasion de ramener la population en bord de cours d’eau, et de les intégrer au quotidien de ses usagers afin de mieux les préserver.